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La mobilité, premier pas vers l’emploi

Près d’un Français sur quatre déclare avoir déjà refusé un travail ou une formation, faute de pouvoir s’y rendre*. Depuis 2010, la Métropole de Lyon et l’association Uni-Est animent la plateforme « mobilité emploi formation ». L’objectif est double : aider les institutions et acteurs de l’insertion à informer le public, et accompagner les personnes sans solution de mobilité dans leur recherche d’emploi. Claire Le Franc, chargée de mission mobilité au sein d’Uni-Est, revient sur ce projet cofinancé par le FSE.

Comment est né ce projet de plateforme « mobilité emploi insertion » ?

La plateforme est née suite à l’appel à projets « Des quartiers vers l’emploi, une nouvelle mobilité », lancé par les ministères de l’Écologie et de la Ville, dans le cadre du plan Espoir Banlieue (2008). Elle a été développée par le Grand Lyon et mise en œuvre par notre association Uni-Est, qui assurait depuis 2010 une mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage sur la mobilité, l’emploi et l’insertion.

Comment travaillez-vous concrètement sur la mobilité des personnes ?

La branche « conseil en mobilité » de la plateforme organise des bilans de compétences pour connaître les capacités et habitudes des personnes accompagnées. Nous évaluons leur profil et leurs attentes pour ensuite leur proposer des préconisations efficaces et adaptées à leur situation. Nous essayons de repérer l’origine de leur problème de mobilité : financier, manque de connaissance du réseau, etc. La plateforme organise également des ateliers de mise en situation réunissant 4 ou 5 personnes. En l’espace de deux heures et demie, nous essayons d’utiliser plusieurs modes de transport et d’apprendre aux participants à les combiner. Notre objectif principal : les rendre autonomes dans leur mobilité.

Quel est le profil des personnes suivies par votre plateforme ?

Nous accompagnons généralement vers la mobilité des personnes de plus de 25 ans, aussi bien des hommes que des femmes, même si les femmes sont aussi confrontées à d’autres freins, comme celui de la garde d’enfants. Lorsqu’un ménage possède une voiture, bien souvent, ce n’est pas la femme qui l’utilise en priorité. 40 % des personnes accompagnées ont le permis de conduire et seulement 25 % ont un véhicule.

Comment votre association a-t-elle été repérée comme acteur de la mobilité ?

Uni-Est a été créée comme support du Plan local pour l’insertion et l’emploi (PLIE) de l’Est lyonnais. Ce territoire est composé de nombreux quartiers prioritaires de la politique de la ville et était assez peu desservi par les transports en commun. Uni-Est a été moteur sur ces questions de mobilité, ce qui nous a amené à développer une certaine expertise.

« Faire de la mobilité un tremplin vers l’emploi et non un frein », tel est l’objectif de votre plateforme…

On oublie parfois que la mobilité est un des freins majeurs à l’emploi et à la formation. Les citoyens n’ont pas tous accès à un mode de déplacement. Les populations les plus pauvres, peu diplômées, en insertion vivent souvent dans des quartiers peu ou moins desservis par les transports en commun. C’est aussi sur ces personnes que reposent la majorité des contrats atypiques, aux horaires coupés et/ou décalés.

Comment ces personnes sont-elles orientées vers la plateforme ?

La plupart des bénéficiaires sont orientés par les institutions et structures d’insertion, par leur conseiller Pôle emploi ou leur référent insertion, par exemple. Nous rencontrons également des personnes lors de forums sur l’emploi ou la formation, auxquels nous participons.

Comment est financée la plateforme ?

L’Etat, la Métropole de Lyon et le FSE national sont les principaux contributeurs. Les communes de la Métropole participent également en finançant nos partenaires, tels que des auto ou vélo écoles sociales.

Quel bila tirez-vous de votre action ?

En 2017, près de 900 personnes ont été accompagnées. Elles ont, par exemple, participé à un atelier mobilité, bénéficié d’un bilan de compétences mobilité… Nous les aidons également financièrement, notamment en créditant leur carte de transport avant qu’elles ne reçoivent leur premier salaire. Après avoir été accompagnés par la plateforme, les bénéficiaires augmentent bien souvent leur zone de recherche d’emploi et réalisent qu’il est possible et qu’ils sont capables de combiner plusieurs modes de transport pour aller de leur domicile à leur destination finale.

* Enquête 2016 du Laboratoire de la Mobilité inclusive.

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