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- 21.03.2025
Les Coopératives des solutions de l’ANLCI au cœur de la lutte contre l’illettrisme
L’illettrisme et l’illectronisme : freins dans la vie quotidienne et pour l’accès à l’emploi
D’après une enquête de l’INSEE¹, en 2022, 1 400 000 personnes ayant débuté leur scolarité en France sont en situation d’illettrisme. Les enquêtés ont été interrogés sur les compétences de base suivantes : identifier les mots, comprendre le texte, écrire et compter. Une personne sur dix, âgée de 18 à 64 ans, éprouve des difficultés dans au moins un de ces fondamentaux, soit 3,7 millions de français.
De plus, le numérique est désormais omniprésent dans le monde du travail, comme dans la vie privée, pour effectuer des démarches administratives, par exemple. Mais certaines personnes, en situation d’illettrisme ou non, rencontrent des difficultés à utiliser et à maitriser les outils numériques. Il s’agit d’illectronisme. Les personnes concernées se trouvent en difficulté pour acheter un billet de train, prendre un rendez-vous médical ou encore consulter leur bulletin de paie ou les notes de leur enfant. L’ensemble de ces difficultés sont un frein dans la vie quotidienne des personnes en situation d’illettrisme et d’illectronisme et un obstacle à leur autonomie.
A savoir
L’illettrisme se distingue de l’analphabétisme, car il s’agit d’individus qui ont été scolarisés en France mais qui ne maitrisent pas la lecture, l’écriture, le calcul ou l’utilisation courante des outils numériques. A l’inverse, l’analphabétisme concerne les personnes qui n’ont appris ni à lire ni à écrire et qui ne sont jamais allées à l’école. L’illettrisme ne recouvre pas non plus les personnes étrangères en apprentissage de la langue française.
L’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) a pour mission de rendre visible ces situations et de construire des solutions avec l’ensemble des acteurs concernés. Pour faire reculer l’illettrisme, l’ANLCI encourage, recherche et accompagne la mobilisation de tous. Pour ce faire, l’agence a initié la coopérative des solutions, un projet cofinancé par le programme national du Fonds social européen +. L’objectif de ce projet est de coconstruire à une échelle locale des solutions concrètes pour sensibiliser les acteurs et lutter contre l’illettrisme. Un pari gagné puisque l’ANLCI, a mis en place, à fin 2024, 65 coopératives.
En cofinançant la coopérative des solutions, le programme national du FSE + soutient aussi l’employabilité de tous puisque 52% des coopératives favorisent le maintien dans l’emploi, et l'accès la formation professionnelle et à l'emploi.
Un maillage renforcé pour la construction de solutions durables et concrètes pour faire face à l’illettrisme
L’objectif premier de ces coopératives est de mobiliser à la fois les acteurs impliqués dans la lutte contre l’illettrisme et les personnes en situation d’illettrisme ou d’illectronisme. Cette mise en réseau territoriale permet la mise en place de solutions plus efficaces.
Les 65 coopératives se sont déployées sur l’ensemble du territoire métropolitain et en outre-mer : on compte, à minima, une coopérative par région. En particulier, 15 d’entre elles sont situées en quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et 14 en outre-mer où le risque pour les habitants d’être en difficulté en matière de compétences de base est 2,5 fois plus élevé qu’ailleurs.
Les acteurs engagés dans ces coopératives sont variés : collectivités, services de l’Etat, entreprises, centres de formation, association, personnes en situation d’illettrisme, etc.
Une démarche de construction collective au cœur des Coopératives des solutions
Des étapes clés pour construire collectivement des solutions adaptées :
- Repérage des ressources et des manques du territoire concernant la prise en charge des situations d’illettrisme, identification des besoins des personnes concernées et cadrage d’un objectif commun de travail ;
- Co-construction d’une solution avec l’ensemble des acteurs concernés répondant au besoin identifié ;
- Mise en œuvre de la solution imaginée et élaboration d’une feuille de route.
Une Coopérative des solutions au sein d’une entreprise : la solution COnnexion au sein de l’entreprise COLAS
L’entreprise Colas spécialisée dans la construction et l’entretien d’infrastructures de transport, a entamé un processus de dématérialisation de l’environnement de travail (usage de la tablette dans les engins, coffre-fort numérique…). Pour s’assurer que l’ensemble des salariés de l’entreprise Colas puissent s’adapter à cette évolution, une coopérative a été initiée.
Parmi les 12 000 "compagnons" (salariés de COLAS), 15% sont en situation d’illectronisme. Les coopérateurs ont donc imaginé deux solutions pour faire face à cette situation :
- Lorsqu’un compagnon éprouve des difficultés dans l’utilisation des outils numériques, il est accompagné par des collègues facilitateurs.
- Lorsque les difficultés concernent plusieurs compétences de base (lire, écrire, compter, utiliser les outils numériques), des formations sont proposées aux compagnons concernés.
Ces solutions permettent aux "compagnons" en situation d’illettrisme de renforcer leurs compétences de base utiles au travail et dans la vie quotidienne.
Une Coopérative des solutions au sein d’un quartier prioritaire de la politique de la ville
À Cergy-Pontoise, environ 12 500 personnes rencontrent des difficultés majeures avec les compétences de base. Pour y remédier, l’association AVEC pilote le projet « Cité de l’emploi » visant à accompagner les publics les plus éloignés de l’emploi dans leur insertion. L’association AVEC a fait le choix de mettre en place une coopérative pour identifier des solutions pour les personnes en situation d’illettrisme afin de faciliter leur insertion professionnelle.
Dans un premier temps, cette coopérative a réuni l’ensemble des acteurs locaux investis dans la lutte contre l’illettrisme qui se connaissaient peu jusqu’alors. Une dynamique partenariale s’est donc dégagée permettant une meilleure coordination interacteurs.
Les parties prenantes ont conçu une campagne de communication pour orienter les personnes en situation d’illettrisme vers les structures d’accompagnement présentes sur le territoire. Aussi, une vidéo de sensibilisation illustrant un parcours type vient également compléter ce dispositif. Enfin, cette diffusion de supports informationnels est complétée par un accueil et accompagnement personnalisé proposé à la Maison de la Langue qui évalue et oriente les personnes vers l’acteur local correspondant à leur besoin.
Ces deux exemples de coopératives,cofinancées par le programme national FSE+, montrent concrètement comment des solutions sont trouvées, dans des configurations différentes, pour faire reculer l’illettrisme et doter les individus des compétences de base pour faciliter leur vie quotidienne et assurer l’accès et le maintien dans leur emploi.
¹ Enquête « Formation tout au long de la vie » (FLV) 2022-2023 module « Compétences »