Loustic service, interview 2 ans après l’or aux Trophées FSE

Comment se déroule le projet depuis votre prix aux Trophées des initiatives FSE en 2019 ?

Virginie Porhiel : Loustic services se porte bien depuis que nous avons été primé aux trophées FSE. En 2018, les heures d’intervention dans les familles ont fortement augmenté. Les structures d’aide à domicile prestataires de Loustic Services ont alors été confrontées à un nombre insuffisant d’auxiliaires de vie, notamment sur la rentrée de septembre. Nous avons, pour la première fois depuis la création de l’accueil relais à domicile en horaires atypiques, dû différer d’un mois le démarrage des interventions dans les nouvelles familles, le temps de recruter des auxiliaires de vie.

Depuis 2019, la situation est stabilisée, mais reste tendue, et la planification des interventions est chaque mois un réel défi pour les structures d’aide à domicile. En effet, les auxiliaires de vie continuent d’intervenir à domicile en s’adaptant au planning des parents et de toutes les familles.

En 2020, nous avons constaté une hausse des demandes d’informations. En cette période compliquée, nous passons plus de temps à construire des choses avec des familles qui ont des situations professionnelles très bancales.

Malgré le contexte sanitaire nous avons continué à répondre aux besoins de la cinquantaine de familles que nous accompagnons annuellement pour les aider à concilier vie familiale et vie professionnelle.

En quoi le soutien du FSE est-il important pour Loustic services ?

Géraldine Hary : Sans le soutien financier du FSE le service Loustic n’existe pas ! Le FSE représente près de la moitié du financement du coût de fonctionnement du dispositif. Le projet pourrait être remis en cause par les élus en raison du coût important qu’il représenterait pour la collectivité, sans les subventions annuelles versées par le FSE, la CAF du Finistère, le Conseil Départemental du Finistère et la MSA d’Armorique. L’engagement de l’ensemble de ces financeurs est un gage de reconnaissance de la pertinence de l’accueil relais à domicile en horaires atypiques sur la Haute Cornouaille.

Sans le FSE, nous n’aurions jamais pu atteindre cette prise en charge des familles que nous avons actuellement, ni appliquer les tarifs actuels, soit entre 30 centimes de l’heure et 2,60 euros par enfant.

Comment vos actions s’inscrivent-elles dans le champ de l’innovation sociale ?

Virginie Porhiel : Il s’agit d’une innovation sociale qui dure depuis 2004 ! Et depuis 2004, nous sommes la seule structure publique, à l’échelle de la France à gérer un service comme celui-ci et à permettre cette accessibilité financière à toutes les familles de nos territoires. Il existe de nombreux services de gardes d’enfants mais sans cette sécurité politique notamment, puisque nous avons un engagement des élus depuis presque 20 ans, et une tarification aux familles inédite et exceptionnelle.

Dans le contexte actuel impacté par la crise sanitaire, l’accompagnement a-t-il évolué ?

Virginie Porhiel : En 2020, notre objectif a surtout été de maintenir le service malgré la crise sanitaire et les confinements ! Et nous avons réussi à assurer, en premier lieu, les interventions pour les parents qui travaillent dans le secteur médico-social.

Comme dit plus haut, nous passons également plus de temps sur les nouvelles demandes, à faire de l’accompagnement en amont et à expliquer le fonctionnement du service ou à faire le lien avec les autres services (crèches, garderies périscolaires…).

En 2021, nous aimerions remettre en place un dispositif que nous avions déjà expérimenté en 2019 : l’accompagnement à la professionnalisation des auxiliaires de vie. Cela nous permettrait de proposer des temps d’informations aux auxiliaires de vie intervenant pour Loustic Services afin de les accompagner dans leur travail du quotidien. Deux éducatrices de jeunes enfants et une puéricultrice animent ces rencontres avec les auxiliaires.

Jusque là, beaucoup d’auxiliaires de vie travaillaient exclusivement auprès des personnes en situation de handicap ou des personnes âgées. Or, le domaine de la petite enfance est tout à fait différent. Cette nouvelle activité réinterroge leurs pratiques et leur posture professionnelle.

Géraldine Hary : En 2020, plus que jamais, nous nous sommes rendus comptes que le service Loustic était devenu presque indispensable pour les parents. Il répond à une demande et il a été maintenu même en période de confinement. C’est très rassurant pour les personnes dans un contexte qui ne l’est pas. L’essentiel pour nous est de permettre à des personnes de ne pas avoir à faire le choix entre aller travailler ou garder leurs enfants et de leur permettre de s’épanouir sur les deux plans.