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Primé aux Trophées FSE en 2017, des nouvelles de "Reims sans frontières"

C’est en 2017 que le dispositif de la Mission Locale de Reims, « Reims sans frontières », remporte les Trophées du FSE. Cette initiative accompagne depuis 2016 de jeunes migrants pendant 4 à 8 mois. L’enjeu ? Leur permettre une réinsertion sociale et professionnelle. Nous avons rencontré Christine Béguinot, Directrice de la Mission Locale pour la Jeunesse de Reims et référente du projet, afin de prendre des nouvelles du projet et en savoir un peu plus sur l’actualité du dispositif. Interview.

Comment se déroule le projet depuis votre prix aux Trophées des initiatives FSE en 2017 ?

Christine Béguinot : "Le projet perdure ! Nous avons eu 551 bénéficiaires après un peu plus de 3 ans, d’un âge moyen de 22 ans, avec au total 269 femmes et 282 hommes. Ce programme est dédié aux primo-arrivants sur le territoire, cela peut être des jeunes qui arrivent par demande d’asile ou bien par regroupement familial.

Dès leur arrivée, nous vérifions qu’il n’y ait pas de problèmes avec leurs papiers, et nous les accompagnons pour demander les équivalences de documents comme le permis et les diplômes. Nous les aidons à passer le permis et organisons des ateliers en interne pour l’apprentissage de la langue française. On s’occupe également des problèmes de logement ou de couverture médico-sociale. Une fois ces freins levés, nous demandons au jeune le métier qu’il souhaite faire et à partir de là il s’agit d’un accompagnement classique. Nous avons des taux d’insertion satisfaisants et au dessus de la moyenne des jeunes de la Mission locale quand il y a une maîtrise de la langue française.

En 3 ans et demi nous avons multiplié par quatre le nombre de parrains bénévoles qui s’occupent de ces jeunes, notamment sur le volet linguistique. De nombreux jeunes entrent désormais dans le Parcours d'Accompagnement Contractualisé vers l’Emploi et l’Autonomie (PACEA) et peuvent bénéficier des allocations Parcours d’Intégration par l’Apprentissage de la Langue (PIAL) et parfois même peuvent être intégrés dans le dispositif de la Garantie Jeune. Aujourd’hui, nous avons des jeunes qui retrouvent un emploi, qui apprennent le français et d’autres qui reprennent le chemin d’une formation ou d’un contrat en alternance.

 

En quoi le soutien du FSE est-il important pour Reims sans frontières ?

Ce qui a été véritablement important grâce au soutien du FSE c’est la mise en place d’un conseiller à temps plein, dédié, pour 60 jeunes. Le monde de la migration est un monde extrêmement complexe et nous avons dû professionnaliser deux personnes afin d’accompagner chaque jeune dans son parcours. Et d’ailleurs, tout le monde dans la structure essaye de mobiliser ses compétences en langues étrangères !

Consacrer le temps d’un conseiller à 60 migrants est une idée inspirée par la politique migratoire de l’Allemagne où trois fonctions différentes de parrainage sont identifiées : un parrainage linguistique, un autre pour les apprentis en CFA et un parrainage social et d’insertion.

Nous avons mis en place le parrainage linguistique afin d’accompagner le jeune dans son apprentissage de la langue ainsi qu’un parrainage pour la découverte de Reims et des bons plans et services. Ce qui est plus compliqué pour nous, c’est de trouver des parrains dans les entreprises qui jouent le jeu d’un tutorat à plus longue durée.

 

L’accompagnement a-t-il évolué, plus particulièrement pendant dans le contexte actuel de crise sanitaire et économique ?

Nous avons surtout optimisé tout ce qui concerne les mesures d’apprentissage du français, que ce soit en interne et du côté des bénévoles mais aussi dans le cadre de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). Nous avons également privilégié le lien avec la préfecture pour accélérer les analyses de ceux qui sont en attente de papiers.

Nous commençons également à développer un réseau d’entreprises qui acceptent d’accueillir des jeunes motivés même si leur maîtrise du français est encore faible. Il reste encore beaucoup à faire ! Notre travail est aussi d’élaborer localement une représentation des employeurs. La fragilité économique et la période post-Covid ne va pas être simple et nous devons être prêts.

C’est une réelle professionnalisation que nous avons constatée dans un bon nombre de Missions Locales dans des villes de grandes agglomérations. Nous continuons notamment les échanges avec Rennes ou encore Mulhouse. Et puis nous nous sommes enrichis de l’expérience de plusieurs villes, et ce en continu. Insérer les migrants est une problématique actuelle et nous avons régulièrement des flux d’arrivées en fonction des évolutions géopolitiques. Dans la Marne plus particulièrement, la mutualisation des compétences et outils est recherchée et nos deux conseillères Reims sans frontières servent de personnes ressources sur le département notamment à Châlons et Épernay.

Pendant le premier confinement, nous avons utilisé des MOOC (cours en ligne), des outils d’auto-formation et d’auto-tests assez ludiques pour tester ses aptitudes professionnelles sur de nombreux métiers.

Avec le nouveau programme FSE 2021-2027, nous allons nous réinscrire dans ce programme, et voir dans quelle mesure nous allons pouvoir capitaliser sur des améliorations. Nous souhaiterions nous inspirer davantage de ce qui se fait en Allemagne notamment avec le site Internet « Wir zusammen », qui signifie tous ensemble, afin de valoriser les expériences positives des jeunes migrants. Ce type d’initiative n’existe pas encore en France.

Reims sans frontière en quelques chiffres

551
22 ans
57
269
282
29