- Dossier
- 09.12.2020
Tout savoir sur la Garantie européenne pour la jeunesse
Tous les pays de l’Union européenne se sont engagés à mettre en œuvre la Garantie européenne pour la jeunesse. C’est en 2013, suite à la crise financière de 2008, que la Commission européenne a adopté une recommandation demandant aux États membres de prendre des mesures afin que chaque jeune ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) se voit proposer un parcours d’insertion professionnelle. Ces mesures peuvent bénéficier de financements par le Fonds Social Européen et l’Initiative pour l’Emploi des Jeunes (IEJ). Aujourd’hui, une nouvelle recommandation vient remplacer celle de 2013 pour renforcer cet engagement. Qu’implique-t-elle et comment fonctionne-t-elle ? Et quel est le rôle du Fonds Social Européen dans sa mise en œuvre ? Éléments de réponse.
1. La Garantie européenne pour la jeunesse, une réponse à un contexte de crise
1) La Garantie pour la jeunesse, c’est quoi ?
Un engagement ! La Garantie européenne pour la jeunesse vise à proposer à chaque jeune NEET de moins de 25 ans une solution durable d’insertion professionnelle : emploi, complément de formation, apprentissage ou stage, et ce dans les quatre mois suivant la perte de son emploi ou sa sortie du système éducatif.
Élaborée pour répondre à la forte hausse du chômage des jeunes faisant suite à la crise de 2008, cette recommandation a été adoptée par le Conseil de l’Union européenne en avril 2013. L’adoption de cette recommandation se traduit par un engagement de la part de tous les États membres de l’Union européenne. La France a réagi avec des mesures concrètes par l’adoption d’un Plan national de mise en œuvre de la garantie européenne pour la jeunesse dès décembre 2013.
Source : site travail-emploi.gouv.fr
2) Des avancées fragilisées par une nouvelle crise
Sept ans après son lancement, la Garantie européenne pour la jeunesse a été déployée dans les pays de l’UE et offre ses premiers bilans et des résultats encourageants. 24 millions de jeunes ont bénéficié d’une aide dans le cadre de la Garantie jeunesse dans l’Union européenne depuis 2013.
La reprise économique a certainement joué un rôle mais une étude récente montre que la Garantie pour la jeunesse « a créé des opportunités pour les jeunes et a entraîné des réformes structurelles dans les services publics de l’emploi et les systèmes éducatifs des États membres ». Depuis 2014, plus de 5 millions de jeunes participent chaque année à des dispositifs de la Garantie pour la jeunesse dans l’Union européenne. En France, la part des 15-24 ans sans emploi et ne suivant ni études ni formation (NEET) est passée de 13,2 % en 2012 à 10,3 % en 2018.
Toutefois, la crise sanitaire actuelle a eu des conséquences potentiellement désastreuses à la fois pour l’emploi des jeunes mais également pour les jeunes à risque de décrochage scolaire aussi bien en France que dans l’ensemble de l’Union européenne. Trouver un emploi pendant cette crise sanitaire mais aussi économique s’avère très difficile pour les jeunes diplômés également, qui font leur entrée sur le marché du travail pendant ce qui pourrait être la récession la plus importante de l’histoire de l’UE. Enfin, les jeunes sont généralement plus enclins à occuper des postes précaires ou dans des secteurs bouleversés par la pandémie comme le tourisme ou encore le travail agricole saisonnier.
Une nouvelle recommandation a donc été élaborée afin de renforcer la garantie de 2013.
2. Renforcer la Garantie pour la jeunesse
1) « Un pont vers l’emploi »
Présentée au mois de juillet 2020, la nouvelle recommandation, intitulée « Un pont vers l’emploi – Renforcer la Garantie pour la jeunesse », a été adoptée le 30 octobre 2020.
Un des principaux changements apportés est l’extension de la tranche d’âge de 15-24 ans à 15-29 ans. Cette évolution est justifiée par le prolongement des problèmes d’insertion professionnelle des jeunes au-delà de 25 ans, le taux de NEET étant plus élevé parmi les 25-29 ans que chez les 15-24 ans.
« Un pont vers l’emploi – Renforcer la garantie pour la jeunesse » adopte également une approche encore plus personnalisée en proposant aux jeunes, et en particulier aux plus vulnérables, un accompagnement adapté à leurs attentes et besoins. L’approche préventive et la qualité des offres sont davantage mises en avant. Il s’agit bien de garantir une solution pérenne pour chaque jeune, en privilégiant un retour dans le système d’éducation ou de formation chaque fois que cela est possible et en insistant sur la qualité de l’offre d’emploi ou de stage. De plus, les impératifs de la double transition écologique et numérique sont mieux pris en compte. La recommandation invite à évaluer les compétences numériques de tous les NEET afin de leur proposer « une formation préparatoire spécifique pour renforcer leurs compétences numériques ».
2) Quatre phases d’actions pour accompagner les jeunes
La recommandation de 2020, comme celle de 2013, s’articule autour de quatre phases : le recensement, l’information, la préparation et l’offre.
- Recensement : « Déterminer le groupe cible, les services disponibles et les besoins en compétences et de permettre la prévention grâce à des systèmes de suivi et d’alerte précoce » ;
- Information : « Œuvrer à la sensibilisation, cibler la communication et intensifier les activités d’information auprès des groupes vulnérables » ;
- Préparation : « Utiliser des outils de profilage pour concevoir des plans d’action individualisés et assurer le conseil, l’orientation et l’accompagnement. Améliorer les compétences numériques grâce à une formation préparatoire et évaluer, améliorer et valider d’autres compétences importantes » ;
- Offre de qualité : « Mettre à profit les aides à l’emploi et à la création d’entreprises pendant la récession économique, aligner l’offre sur les normes existantes pour garantir la qualité et l’équité et fournir un soutien post-placement en mettant en œuvre un retour d’information ».
3. Le soutien de l'Union européenne pour la mise en œuvre de la Garantie pour la jeunesse
1) Les leviers de mise en œuvre de la Garantie en France
L’Initiative pour l’emploi des jeunes (IEJ) 2014-2020, associée à des investissements supplémentaires du Fonds social européen, a constitué la principale ressource financière de l’Union européenne pour soutenir la mise en œuvre de la garantie européenne pour la jeunesse. L’IEJ est un véritable levier en appui de la stratégie nationale en faveur des politiques publiques d’emploi des jeunes NEET. Ses actions s’articulent autour des objectifs du Plan national Garantie pour la jeunesse : le repérage des jeunes NEET, l’accompagnement personnalisé prenant en compte l’ensemble des freins sociaux, et la facilitation de l’insertion professionnelle.
Globalement, l’Initiative pour l’emploi des jeunes finance les actions en faveur des jeunes de moins de 26 ans et à partir de 2019 de moins de 30 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation. Entre 2014 et 2018, plus de 500 000 jeunes ont été soutenus par l’IEJ sur les 1,3 millions de jeunes NEET identifiés par le ministère du Travail (janvier 2018).
A propos des principaux résultats de la 5ème enquête 2020 sur la situation à six mois des participants à l'IEJ : six mois après la sortie des opérations cofinancées par l’IEJ, 46,9% des participants sont en emploi. Leur situation sur le marché de l’emploi s’est améliorée de près de 20 points par rapport à la sortie immédiate. Le taux d’emploi à 6 mois est néanmoins en baisse de 4 points par rapport à l’enquête 2019. 12,5% des participants accèdent à la formation (hors alternance) 6 mois après la sortie des opérations, c’est une hausse de 1,2 point par rapport à 2019. Le taux de sortie positive à 6 mois est, lui, de 59,4%, inférieur de 1,2 point par rapport à la moyenne sur 5 ans.
2) Quel est le rôle du FSE et, à l’avenir, du FSE+ ?
Le Fonds Social Européen et l’Initiative pour l’emploi des jeunes ont investi au moins 15,1 milliards d’euros dans des mesures en faveur de l’emploi des jeunes et de l’intégration sur le marché du travail au cours de la période de programmation 2014-2020. Au total, les États membres ont alloué plus de 27 milliards d’euros du FSE en faveur de mesures dans le domaine de l’éducation, y compris l’enseignement supérieur.
Par ailleurs, le Plan 1 jeune 1 solution, lancé le 23 juillet 2020, vise à offrir une solution à chaque jeune. La Garantie européenne pour la jeunesse contribue à un ensemble de leviers mobilisés également au sein de ce plan.
La nouvelle recommandation de la Garantie européenne pour la jeunesse sera financée au cours de la période 2021-2027, par un budget proposé de 86 milliards d’euros au titre du Fonds Social Européen plus (FSE+). « Le FSE+ soutiendra l’ensemble des mesures en matière d’emploi, d’enseignement et de formation qui figurent dans la proposition. Le programme comprend d’ailleurs un axe d’intervention dédié aux jeunes. Le Fonds européen de développement régional apportera lui aussi sa contribution, sous la forme d’investissements pérennes dans l’éducation et la formation alignés sur les transitions numérique et écologique ».