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  • 07.07.2023

L’industrie face à la transition écologique

Mieux connaître l’impact de la transition écologique sur les métiers et les compétences de l’industrie : tel est l’objet d’une récente étude conduite par l’Observatoire Compétences Industries auprès de 32 branches professionnelles relevant du champ d’OPCO 2i. Une 1ère sur le périmètre de cet opérateur de compétences.

Un secteur concerné au premier chef par la transition écologique

Plus encore que d’autres secteurs, l’industrie doit faire face à des changements profonds induits par la transition écologique. En concomitance avec la nouvelle mission confiée en aux opérateurs de compétences dans le cadre de la loi « Climat et Résilience », OPCO 2i a initié en 2021 une étude sur le sujet, la première conduite à l’échelle des 32 branches professionnelles relevant du champ de l’Opérateur de compétences (OPCO). 

OPCO 2i est l’opérateur de compétences interindustriel

Depuis 2020, il est chargé d’anticiper les évolutions en matière d’emploi, d’identifier les besoins en compétences, d’accompagner, d’assurer un service de proximité auprès des entreprises, notamment les TPE, de développer l’alternance et d’apporter un appui technique aux branches professionnelles. Il représente 63 000 entreprises, 2,8 millions de salariés, 121,8 milliards de masse salariale et 1,8 milliard de contributions gérées. OPCO 2i accompagne 32 branches professionnelles dans leur stratégie de développement des compétences.

Cofinancés par le Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion au titre du plan d’investissement dans les compétences (EDEC Prospective compétences interindustriel), « les travaux répondent à un objectif de mise en visibilité et de capitalisation sur l’évolution des métiers et des compétences compte tenu de l’impact de la transition écologique » indique M. Boisbras, Responsable de l’Observatoire Compétences Industries rattaché à OPCO 2i. « Ils s’inscrivent dans un contexte où les OPCO ont dorénavant la mission d’informer les entreprises sur les enjeux liés au développement durable et de les accompagner dans leurs projets d’adaptation à la transition écologique, notamment par l’analyse et la définition de leurs besoins en compétences » complète Mme Pechade, Responsable du Pôle cofinancements et dispositifs emploi d’OPCO 2I.

Trois principaux leviers d’action identifiés

L’étude précise et évalue les défis auxquels les entreprises industrielles sont soumises à travers 6 enjeux : la gestion des effluents liquides et des déchets, la décarbonation de la production (émissions de gaz à effets de serre), la consommation de matières premières, la consommation d’énergie, la qualité de l’air et la pollution des sols et de l’eau. Afin de mener à bien la transition écologique, plusieurs leviers d’action sont identifiés.

observatoire compétence industries

Le premier d’entre eux est la transition énergétique : une évolution rendue d’autant plus nécessaire que les approvisionnements en matières premières et en énergie constituent pour les entreprises une source de préoccupation majeure dans le contexte actuel, bousculant les chaînes de production. Si certaines branches professionnelles sont confrontées à des équations complexes - financières et technologiques - pour mettre en œuvre des procédés et équipements moins énergivores ou moins émetteurs de CO2 (notamment le pétrole, le raffinage et la sidérurgie), d’autres comme la branche des matériaux de construction semblent au contraire bien positionnées pour tirer profit des évolutions de la consommation ou de la règlementation, via notamment l’optimisation des process et de l’offre de produits et services : amélioration de l’efficacité énergétique, électrification des équipements, fabrication d’isolants, etc. 

Autre piste d’action relevée par l’étude : la sobriété. L’étude note à ce sujet l’adhésion croissante de l’industrie aux principes de l’économie circulaire. Nombreuses sont ainsi les entreprises évoquant le recyclage, le recours à des matières premières alternatives, à des matériaux biosourcés, ainsi que de nouvelles façons de concevoir les produits (allongement de leur durée de vie) ou de travailler avec les fournisseurs.

La transition numérique est le troisième levier d’action évoqué. Les investissements à consentir dans ce domaine doivent permettre d’optimiser les flux et les consommations de l’industrie (à l’instar du jumeau numérique de l’outil de production déployé au sein du groupe Renault), même si l’empreinte environnementale du numérique n’est pas tout à fait neutre, note l’étude.

Quelques surprises concernant les métiers les plus impactés

L’étude s’intéresse également aux compétences des salariés des industries à renforcer pour faire face aux exigences de la transition écologique. Certaines compétences en lien avec la QHSE (Qualité hygiène sécurité environnement), l’éco-conception et l’analyse du cycle de vie devraient ainsi devenir cruciales. D’autres - telles que l’optimisation des consommations ou la connaissance des filières de recyclage des déchets - sont par ailleurs amenées à prendre de l’importance.

Plus généralement, la majorité des métiers industriels devront s’enrichir de compétences complémentaires. Les fonctions les plus impactées devraient être les achats, l’ingénierie et la recherche et développement. Paradoxalement, les métiers de la production devraient moins subir les effets de la transition écologique. « Les gestes métiers (assemblage, découpe, collage, traitement de surface, contrôle de l’état ou de la conformité…) resteront en effet les mêmes. Il n’y a pas de grande différence à ce niveau, entre - par exemple - utiliser un four ancienne ou nouvelle génération » note Mme Pechade. Une autonomie plus grande pourra toutefois être attendue dans certains cas pour gérer les variations des matières premières ou s’assurer de l’optimisation des process de production.
 

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Fonds pour une transition juste : un rôle crucial pour aider le secteur à évoluer

Nouveau fonds de la programmation 2021-2027, le Fonds pour une transition juste (FTJ) vise à accompagner la transition énergétique et industrielle vers une économie neutre en carbone, conformément aux objectifs de l’Union européenne (UE) dans le cadre de l’accord de Paris.

Seuls les territoires avec une forte intensité d’émissions de gaz à effet de serre et des emplois dépendants des activités économiques polluantes sont concernés par le FTJ. En France, ceux-ci se situent dans 6 régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est, Hauts-de-France, Normandie, Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur. 

Une partie de l’enveloppe nationale du FTJ (309 millions €, soit 30%) est gérée par l’Etat pour le volet « Emploi et compétences ». Ce dernier a pour ambition de soutenir la reconversion ou le perfectionnement professionnel des travailleurs et des demandeurs d’emploi, et plus largement l’accompagnement et l’anticipation des mutations économiques des territoires concernés par le fonds. En particulier, un appel à projets FTJ sera lancé dans chaque territoire en vue de financer la formation des salariés des secteurs en déclin et en transformation pour se reconvertir et celle des salariés des secteurs en transformation pour adapter leurs compétences en lien avec la décarbonation des processus de production. « Le FTJ pourrait nous aider à limiter l’impact social de la transition écologique » indique Mme Pechade. « A travers son volet accompagnement, nous espérons pouvoir proposer des solutions aux salariés des entreprises des secteurs relevant d’OPCO 2i qui émettent du CO2 : pétrole, raffinage, sidérurgie, matériaux de construction et verre. L’étude de notre Observatoire constitue en cela un bon point d’appui : elle nous permet de mieux cerner quels leviers actionner sur le volet décarbonation. Nous comptons cibler en particulier les plus petites entreprises. »