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  • 16.12.2022

Le projet « 100% Jeunes » : un accompagnement individuel et collectif vers l’emploi !

Comment faciliter la réinsertion des jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) et leur offrir de nouvelles opportunités ? Le projet « 100% Jeunes », coordonné par l’association belge « Pour la Solidarité-PLS » et rassemblant une équipe d’acteurs pluridisciplinaires de la réinsertion et de l’éducation, propose un accompagnement à la fois collectif et individuel pour élargir les perspectives professionnelles et personnelles de chacun.

Marie Canivet, chargée de l’accompagnement des parcours « 100% Jeunes », revient sur ce projet lancé en 2019 à Bruxelles.

Comment est né ce projet ? 

En 2019, Actiris (l’équivalent de Pôle emploi en Belgique) a lancé un appel à projet face au défi suivant : chaque année, des jeunes âgés de 18 à 30 ans sont confrontés à des difficultés d’insertion, qu’elles soient professionnelles ou sociales. Pour y répondre, le projet « 100% Jeunes » a été lancé en 2019, en partenariat avec plusieurs structures de l’insertion, de l’éducation et de l’emploi. 

Coordonné par l’association belge « Pour la Solidarité – PLS », « 100% Jeunes » rassemble l’organisation AWSA-Be, qui promeut le droit des femmes issues du monde arabe et l’empowerment de celles-ci, l’association E.V.E.I.L, spécialisée dans l’encadrement pédagogique d’adolescents et de jeunes adultes, l’Action en Milieu Ouvert (AMO) Rythme, qui soutient les jeunes en demande d’aide ou d’écoute, la « Smart », coopérative qui travaille à la simplification de l’activité professionnelle des travailleurs autonomes et enfin « Le Nouveau 150 », une agence immobilière sociale qui propose des logements d’urgence. 

100% jeunes s’adresse aux jeunes NEET bruxellois : comment sont-ils orientés vers le dispositif ? 

Le parcours est ouvert à une tranche d’âge assez large, allant de 18 à 29 ans. Si la définition des NEET s’arrête généralement à 25 ans, les partenaires ont constaté que les problématiques pouvaient se prolonger et qu’il était donc nécessaire d’ouvrir le programme à un plus grand nombre de jeunes. La participation au parcours de « 100% Jeunes » repose essentiellement sur le volontariat. 

Afin de favoriser la participation des jeunes au programme, « 100% jeunes » s’appuie sur de nombreux relais : les CPAS (centres publics d’action sociale), les antennes d’Actiris mais aussi les partenaires du projet et les associations de terrain bruxelloises, qui communiquent sur les possibilités offertes par le projet. Le « bouche à oreilles » entre jeunes fonctionne également très bien. 

Quel est le profil des jeunes qui ont bénéficié de cet accompagnement ? 

La plupart des jeunes qui se lancent dans le parcours n’ont pas le CESS (équivalent du Baccalauréat) et sont sortis du système scolaire après le collège. Ils souffrent bien souvent d’isolement et ont connu des situations de marginalisation (séjour en établissement pénitentiaire pour mineur, en institut de psychiatrie…). La moyenne des participants à « 100% Jeunes » a entre 18 et 23 ans ; le parcours mobilise par ailleurs autant de jeunes femmes que de jeunes hommes. 

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’accompagnement proposé par « 100% Jeunes » ? 

L’objectif de « 100% Jeunes » est d’offrir à chacun une opportunité qui correspond à son projet, que ce soit un stage, une formation ou un emploi. L’accompagnement se déroule sur un an. Durant le premier mois, notre équipe échange avec les jeunes à travers des entretiens individuels réguliers, pour mieux cerner leurs besoins et leurs attentes. Les deux mois suivants sont ensuite consacrés à des temps collectifs, rassemblant des groupes de 8 à 12 jeunes. 

Ces temps collectifs permettent de faire connaître les opportunités existantes sur Bruxelles mais aussi d’ouvrir le champ des possibles, en présentant des métiers ou des activités parfois méconnues des jeunes. Ces moments sont également l’occasion d’organiser des ateliers sur différents thèmes (empowerment, développement de projet, culture, sport…) et de favoriser les échanges entre jeunes, contribuant ainsi à les remobiliser. 

En effet, ces derniers se créent parfois des barrières qu’ils estiment insurmontables, que ce soit pour des raisons de compétences, ou encore parce qu’ils ont des idées reçues sur certains domaines d’activité. En insistant sur le sens du collectif, cette étape est une première porte d’entrée vers le monde professionnel puisqu’il permet d’apprendre le travail en équipe, mais aussi de s’ouvrir à de nouvelles idées. 

Que se passe-t-il après ces premiers mois d’accompagnement ? 

Après la phase collective, les jeunes sont accompagnés pendant un à deux mois dans la définition et la concrétisation de leur projet. Cette étape prend souvent davantage de temps car il s’agit de faire correspondre le projet du jeune avec les dispositifs ou les opportunités existantes (formations, actions de volontariat, stages…). Il est important de maintenir l’accompagnement autant que nécessaire, afin que les jeunes se sentent soutenus durant la mise en œuvre de leur parcours. Les jeunes sont également investis dans la vie du projet, puisqu’ils sont également invités à participer aux réunions de l’équipe sur certaines questions telles que la communication sur le projet, tout au long de leur accompagnement.

Quels sont les premiers résultats du parcours « 100% Jeunes » ? 

L’objectif du projet est d’accompagner 46 jeunes par an. Néanmoins, il y a une demande plus importante que prévu ; l’année dernière l’équipe du projet a accompagné 57 personnes avec des problématiques plus ou moins complexes, dont 21 filles et 36 garçons, avec une moyenne d’âge située entre 20 et 24 ans. Les partenaires avaient défini un objectif de 32% de sorties positives vers l’emploi, la formation ou le stage. Aujourd’hui, celles-ci sont évaluées à 46%. Les jeunes se dirigent en priorité vers la formation, souvent plus accessible. L’équipe du projet maintient également un contact après la sortie des jeunes du programme. Chaque accompagnement est clôturé par un temps individuel et collectif, pour évaluer les apports du parcours. 

Avez-vous rencontré des difficultés particulières au cours de ce projet ? 

Notre plus grand défi est de développer des partenariats avec les entreprises et de potentiels employeurs. Nous essayons par exemple de renforcer les collaborations avec les grandes entreprises locales, comme celle de transport. Nous nous appuyons également sur les contacts établis dans le cadre d’autres projets européens coordonnés par notre organisation « Pour la solidarité », tel que dans le projet CEASE par exemple, qui vise à créer un réseau européen d’entreprises engagées contre les violences conjugales en Europe. 

Au-delà, le projet n’a rencontré aucune difficulté notable. La relation entre les accompagnateurs et les jeunes est enrichissante pour chacun. Ces derniers ont par ailleurs une grande proximité avec l’équipe du projet, puisque les locaux de l’association « Pour la Solidarité – PLS » leurs sont ouverts en permanence, notamment s’ils ressentent le besoin de parler ou de ne pas être isolés. 


Quel a été l’appui du Fonds Social Européen (FSE) dans ce dispositif ? 

Actiris (l’équivalent de Pôle emploi en Belgique) bénéficie d’un cofinancement du Fonds Social Européen et du Youth Employment Initiative (YEI) de 1.600.000 euros par an pour soutenir des projets ciblant les NEET. Il s’agit du budget total qui est ensuite réparti entre plusieurs projets, dont 100% Jeunes.

Le Fonds Social Européen a permis de développer un réseau d’acteurs locaux, sensibles aux problématiques de réinsertion et de retour à l’emploi. À travers les différents projets européens portés par les associations partenaires, le projet « 100% Jeunes » a pu trouver une force de frappe qu’il n’aurait pas eu par ailleurs. 

La dimension européenne est également une véritable source d’inspiration pour les jeunes participants. Ces derniers ne connaissent souvent pas bien l’Europe, son fonctionnement et les différentes opportunités existantes, comme le programme ERASMUS+ en lien avec la formation et l’éducation. 

Quels sont les points forts du dispositif ? 

La dimension collective est un des principaux atouts du programme. La rencontre de jeunes aux profils très différents les tire vers le haut, favorise les échanges et suscite une grande bienveillance entre eux. Une fois qu’une relation de confiance s’instaure avec les accompagnants, les jeunes gagnent en autonomie et en assurance. C’est une étape essentielle pour la bonne réussite du parcours, souvent décrite par les bénéficiaires comme un moment important d’apprentissage. L’accompagnement des équipes est également un atout. Leur disponibilité mais aussi leur proximité avec les jeunes permet d’adapter le parcours à chacun et de l’améliorer au fil du temps. 

Si vous deviez résumer « 100% Jeunes » en un mot… ? 

Découverte ! Enrichissement ! Il est difficile d’assigner un seul mot à ce projet, tant il permet un apprentissage mutuel, que ce soit pour les jeunes participants ou l’équipe d’accompagnateurs. L’humain et la création de lien restent au cœur de « 100% Jeunes ». Sans une certaine bienveillance ainsi qu’une écoute de chacun, les parcours ne pourraient pas fonctionner et les jeunes ne seraient certainement pas en bonnes conditions pour développer leurs projets futurs.