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  • 08.11.2021

Le Fonds social européen, levier stratégique du Service militaire adapté (SMA)

Alors que le SMA fête son soixantenaire cette année, ce dispositif d’insertion militaire socioprofessionnelle destiné à de jeunes volontaires ultramarins continue d’afficher des résultats très positifs. Il envisage son avenir avec d’autant plus de sérénité qu’il bénéficie depuis près de 15 ans, d’un soutien pérenne du FSE. Rencontre avec le général de brigade Claude Peloux.

Aujourd’hui, le SMA, c’est 1 200 cadres détachés du ministère de la Défense pour la durée de leur mandat, 6 000 jeunes bénéficiaires volontaires, accueillis en internat au sein de 7 régiments sur 7 territoires et départements d’outremer. Ce dispositif propose une formation d’une durée moyenne de 10 mois, fondée sur les règles et la discipline militaire, associée à un accompagnement socio-éducatif et un suivi personnalisé. Les jeunes acquièrent ainsi des compétences professionnelles et sociales en lien avec les besoins des entreprises locales et métropolitaines.

 

Interview du général de brigade Claude Peloux, directeur du SMA

Comment le FSE contribue-t-il au SMA ?

Le FSE est un véritable levier stratégique car il nous permet d’atteindre des objectifs qualitatifs ambitieux, assignés par notre ministre de tutelle, le ministre des outre-mer et aussi par l’Europe.

La contribution du FSE représente 35% de nos ressources de fonctionnement. Par exemple, son apport était de 87 millions d’euros pour la période 2007-2013 puis de 164 millions d’euros pour 2014-2020.

Ces sommes importantes ont contribué à accompagner davantage de jeunes ultramarins pour leur dispenser des formations présentant des possibilités d’insertion plus élevées et un accompagnement plus global et plus individualisé :

-   La création de filières en lien avec les besoins des entreprises et des territoires. Le SMA est plus réactif grâce aux crédits européens pour s’adapter aux spécificités et au contexte économique ;

-   L’amélioration de la qualité des formations dispensées et des prestations diverses fournies au SMA (externalisation au profit d’entreprises locales) ;

-   Le développement de conditions de vie meilleures des participants vivant sous le régime de l’internat (accès à la culture : livre, cinéma, musique, activités sportives en dehors des heures de formation) ;

-   Le déploiement d’un accompagnement psycho-social individualisé des volontaires avec des psychologues au sein des régiments, le développement d’outils de mixité, …

-   L’individualisation des parcours d’accompagnement des jeunes : un effort de remise à niveau individualisé, prenant en compte la dimension numérique, les plateformes vocationnelles à l’entrée, et les filières transitoires dites de « découverte des métiers », permettent au jeune de choisir la filière de formation qui lui correspond le mieux ;

-   Des moyens renforcés pour le repérage et le recrutement des NEET, via le développement d’actions partenariales auprès d’un maillage plus large d’acteurs de terrain, l’effort sur la communication « L’Europe s’engage » (augmentation sensible des budgets recrutement des régiments).

Ces moyens financiers supplémentaires ont favorisé le maintien et le développement d’un haut niveau de performance (80% d’insertion) tout en accueillant davantage de jeunes mais dans le cadre d’un accompagnement toujours plus individualisé.

Pourriez-vous citer deux exemples illustrant votre collaboration avec le FSE ?

Tout d’abord, de manière transversale, l’apport du FSE nous a aidé à recruter des psychologues au sein de chaque régiment dans le cadre d’un pôle multidisciplinaire regroupant également un médecin et une assistante sociale. Nous arrivons ainsi, à proposer une approche plus globale. La présence d’un psychologue participe en outre, à lever des freins à l’insertion (origine, difficulté scolaire, clés de compréhension, traditions, ...). Le second exemple se situe à Mayotte. Nous compterons bientôt 670 bénéficiaires au lieu de 540 en 2017. Grâce aux fonds du FSE, nous avons amélioré notre offre de formation professionnelle, coconstruite avec des acteurs du territoire, en particulier le BTP, et l’émergence du secteur touristique et hôtelier qui jusqu’à présent, existait peu dans cette région. Notre lien très étroit avec les préfectures ainsi que les avis de notre conseil de perfectionnement nous guident vers l’identification des métiers d’avenir et des métiers en tension. Nous réorientons alors nos filières professionnelles immédiatement.

Quel est le public accueilli dans le cadre du SMA ?

Ce sont les jeunes les plus éloignés des repères sociaux économiques, que nous accompagnons de façon globale, renforcée et individualisée par une formation professionnelle au sein de nos 90 filières : métiers du terrassement, du bâtiment, de la restauration, de l’hôtellerie, conduite de transport routier, assistantes de vie sociales, etc. Ce dispositif est mixte, il se répartit entre environ 70% d’hommes et 30% de femmes, cette proportion variant selon les territoires. Les jeunes sont orientés vers le SMA par des acteurs tels que les missions locales, mais aussi par nos campagnes de publicité et les actions de nos cellules de recrutement, qui font le tour des communes. Il existe également un « effet SMA » puisque, depuis sa création près de 120 000 jeunes sont passés dans nos rangs.

Quels sont les principaux impacts du SMA ?

Le SMA bénéficie d’un atout majeur : il repose sur le principe du volontariat. Une pédagogie associée à un encadrement militaire et donc un contrat, aide les jeunes à comprendre qu’en retrouvant confiance et en travaillant, ils peuvent entrer dans la vie active avec une qualification et un métier. Depuis une dizaine d’années, le SMA affiche plus de 80% d’insertion des volontaires dans la vie socio-professionnelle : 70% occupent un emploi sur un territoire proche de leur lieu de vie et les autres suivent une formation complémentaire sur leur territoire ou dans l’hexagone.

Le SMA fête cette année ses 60 ans. Comment imaginez-vous son avenir ?

En 2017, nous avons élaboré un plan SMA 2025 afin de renforcer le dispositif existant. Nous voulons intensifier la lutte contre les inégalités, l’illettrisme et plus largement l’échec scolaire. Le soutien du FSE nous permet de disposer de filières professionnelles plus performantes, dotées d’outils nouveaux.  

Le président de la République souhaite que nous augmentions nos effectifs en Polynésie française et à Mayotte. Nous espérons accueillir 6170 jeunes en 2022.

Création du SMA

Créé en 1961 par le premier Ministre Michel Debré, sur proposition du général Jean Némo, le SMA visait à répondre à une crise sociale locale. Il entendait proposer sur la base du volontariat, à la jeunesse ultramarine éloignée de l’emploi de Guadeloupe, Martinique et Guyane, un service national et une qualification. Au fil du temps, le dispositif s’est déployé dans d’autres territoires et départements d’outremer, à savoir la Réunion (1965), la Nouvelle Calédonie (1986), Mayotte (1988) et la Polynésie française (1989).