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  • 05.08.2021

“Géographie de l’École” 2021 : le territoire joue parfois autant que le niveau social dans la réussite

Quels sont les liens entre la réussite et l’orientation scolaire des élèves, leur niveau socio-économique et leur implantation géographique ? C’est l’une des questions abordées par l’édition 2021 de l’ouvrage “Géographie de l’École”, publié par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’Education nationale, de la jeunesse et des Sports.

Pour analyser finement des territoires français parfois hétérogènes, les chercheurs de la DEPP ont utilisé l’échelle du canton pour examiner des données allant de 2005 à 2016. Ils ont retenu trois critères : le milieu social des élèves de troisième, les notes obtenues au Diplôme national du Brevet (DNB) et le taux d’orientation vers la voie générale et technologique.

Il en ressort que les écarts de résultats et de parcours scolaires ne sont pas seulement expliqués par des disparités sociales ou de compétences. Le type de territoire, qu’il soit rural ou urbain, éloigné ou proche de la métropole, joue aussi un grand rôle dans l’éducation des élèves, quitte à parfois prendre le dessus sur le contexte socio-économique dans lequel ils évoluent.

La Bretagne comporte par exemple des zones de réussite scolaire là où le niveau social est peu élevé. Les résultats au DNB ne sont pas les seuls facteurs déterminants pour un passage en seconde générale et technologique (GT). Entre aussi en jeu le territoire où vit l’élève. Les communes rurales éloignées ou enclavées ont ainsi un taux de passage en GT beaucoup plus bas que les territoires urbains ou littoraux. Les chercheurs avancent que cela pourrait être dû à des aspirations personnelles et professionnelles différentes, mais aussi à une offre de formation moins diversifiée.

10 chiffres marquants de l’ouvrage “Géographie de l’École” 2021

  • 12,4 millions d’élèves sont en primaire, au collège et au lycée en France. La densité varie selon les académies, avec 1 élève par kilomètre carré en Guyane contre 3.121 élèves par km2 à Paris. 16 fois plus d’élèves sont scolarisés dans l’académie de Versailles que dans l’académie de Martinique.
  • 20% des élèves vivent en milieu rural, dont 8% dans des communes rurales éloignées, contre 80% en milieu urbain. Les communes éloignées (dans l’Ariège, le Lot, la Lozère, la Creuse…) se distinguent en matière de moyens humains et d’offre scolaire. Les enseignants y sont plus fréquemment en début de carrière ou non-titulaires. Dans les territoires les plus ruraux, l’offre scolaire est adaptée à un contexte où elle est plus difficile d’accès : les collèges et lycées disposent plus souvent d’un internat.
  • 9% des jeunes de 16 à 25 ans ont quitté le système éducatif sans obtenir de diplôme, si ce n’est le diplôme du brevet. Ce taux est très faible à Paris (2,4%) et à Rennes (6,2%) alors qu’il atteint des niveaux très élevés à Amiens, Lille, en Corse et dans les DROM, avec une part supérieure à 11,5%. Ce phénomène est tendanciellement à la baisse.
  • 9% des élèves de 0 à 17 ans ont au moins un parent au chômage de longue durée, ce qui peut engendrer “une fragilité et une insécurité économique pouvant affecter les enfants sur le plan matériel ou psychologique”, pointe l’ouvrage. La plupart des cantons où cette proportion dépasse 10% sont ceux des grandes villes.
  • 1 collégien ou lycéen sur 5 est scolarisé dans le privé sous contrat, et 22% des collégiens sont en REP ou REP+ (Réseaux d’éducation prioritaire, renforcés ou non). En Vendée et dans le Morbihan, un élève sur deux est scolarisé dans une école privée. Seize départements concentrent les collèges en éducation prioritaire (Île-de-France, DROM, Nord, Pas-de-Calais…)
  • 71,5% des lycéens sont scolarisés dans une formation du second cycle général et technologique. Cette part est plus élevée dans les académies de Paris et de Versailles (80,5% et 77%), tandis qu’elle descend à 50% en Guyane et 60% dans les autres académies ultramarines.
  • +98% d’apprentis du supérieur en dix ans : les effectifs d’apprentis dans l’enseignement supérieur augmentent dans toutes les académies. La croissance dépasse les 200% pour les académies de Montpellier et La Réunion.
  • ¾ des élèves en situation de handicap sont accueillis en classe ordinaire dans le premier degré, près de 70% au collège, mais ce taux varie selon les départements. Ils représentent 3% de l’ensemble des élèves scolarisés en milieu ordinaire dans le primaire et un peu plus de 4% au collège.
  • 23% des enseignants du premier degré ont moins de 35 ans. Ils sont les plus présents dans les académies de Créteil et Versailles qui offrent chaque année de nombreux postes au concours et accueillent les plus fortes proportions de jeunes enseignants en France métropolitaine (37% d’enseignants de moins de 35 ans en Seine-Saint-Denis).
  • 72% des connaissances et compétences en mathématiques sont maîtrisées en moyenne par les élèves en début de 6e. Les disparités géographiques sont très marquées pour la compétence “résolution de problèmes” : certains départements de l’ouest de la France obtiennent des taux élevés (plus de 70% en Vendée, dans l’Aveyron, dans les Hauts-de-Seine) alors que d’autres ont des taux très bas (23% à Mayotte).