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L’égalité femmes-hommes au sein du service départemental d’incendie et de secours de la Moselle

La femme est un pompier comme un autre ! C’est la conviction d’Evelyne Firtion, conseillère départementale et vice-présidente du comité d’administration en charge de la féminisation au sein du service départemental d’incendie et de secours de la Moselle (le SDIS 57). Le SDIS bénéficie d’un soutien du FSE pour mener un travail conséquent visant à faire progresser la place des femmes dans la profession, leur quotidien de travail ainsi que les perceptions. Rencontre.

Pouvez-vous nous présenter le SDIS 57 ?

Evelyne Firtion : "Le service départemental d’incendie et de secours de la Moselle est composé de près de 5000 femmes et hommes, volontaires, professionnels, membres du service de santé et personnels administratifs. Nous distribuons des secours au quotidien sur le territoire mosellan en assurant la gestion de plus de 200 interventions par jour, soit une en moyenne une intervention toutes les huit minutes.

 

Comment avez-vous été amenée à déposer un dossier relatif à la mixité et à l’égalité professionnelle auprès du FSE et de la Direccte Grand Est ?

Nous avons tout d’abord été encouragées à renforcer la féminisation du corps par le président du conseil d’administration. Afin de mieux cerner ce que nous pouvions faire et comprendre les besoins, nous avons mis en place un blog www.femmesapeurpompier.com. Le recueil de témoignages et d’expériences ainsi que des questionnaires anonymes ont permis de libérer la parole progressivement.
Nous avons identifié deux ambitions prioritaires. D’abord, intégrer dans le recrutement plus de femmes volontaires car les sapeurs pompiers volontaires représentent 80% de nos effectifs. Ensuite, nous ressentions le besoin d’engager des actions concrètes et adaptées pour sécuriser les parcours des femmes déjà présentes. La connaissance des plans stratégiques en faveur de l’égalité femmes-hommes de L’Union européenne nous a incité à rencontrer le service FSE de la Direccte. Grâce notamment au travail exploratoire que nous avions mené, celui-ci a confirmé l’intérêt et la faisabilité du projet qui a débuté en 2017.

 

Pouvez-vous nous décrire ce projet ?

L’idée est de mettre en place un plan de féminisation dynamique qui se traduise concrètement dans le management et la communication. Celle-ci est désormais mixte, c’est-à-dire qu’elle met en valeur les hommes et les femmes. Elle intègre les missions de secours aux personnes qui étaient auparavant peu mises en avant. Quand on pense à une intervention, c’est le feu et les travaux de force qui viennent en première idée. Mais les interventions de secours d’urgence aux personnes et le contact humain prennent de plus en plus d’importance. La profession connaît un rééquilibrage des missions qu’il faut valoriser. C’est important car les femmes apportent une confiance et une certaine intimité dans ses situations de détresse. Mais attention, elles peuvent aussi commander ! D’ailleurs notre plan de féminisation comporte une aide à l’accompagnement des carrières, pour que les sapeurs pompiers femmes révèlent leur plein potentiel et concilient plus facilement l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Autre aspect à ne pas négliger, le bien-être au travail avec un plan d’investissement qui permet d’aménager des locaux adaptés (vestiaires, sanitaires, douches) aux recrues féminines.

 

Quels ont été les résultats ?

Au sein du SDIS, nous sommes passés de 13% à 17% de femmes pompiers donc ces actions ont eu un effet concret en terme recrutement.

 

Quels ont été les réactions des sapeurs pompiers hommes face à ces actions ?

Il y a eu au départ de la méfiance. Les sapeurs pompiers hommes ont demandé la raison de cette mise en valeur de leurs collègues féminines. Il y avait aussi de la confusion autour du terme de féminisation qui évoquait pour eux le féminisme. Notre travail a permis de faire reconnaître qu’à formation égale les femmes pouvaient avoir les mêmes missions que les hommes. Et que notre enjeu était l’égalité. Aujourd’hui, notre démarche est beaucoup mieux comprise.

 

Vous avez également boosté les actions de sensibilisation en milieu scolaire ?

Nous parions sur la jeunesse ! Les cadets sont de jeunes collégiens volontaires pour suivre sur une année scolaire une formation à la prévention et aux gestes de sécurité. Ces classes attirent aujourd’hui de nombreuses collégiennes qui affichent un dynamisme sans failles. La parité qui s’est installée dans ces classes au sein du département est parfaite. De même, les sections de jeunes sapeurs pompiers qui rassemblent des jeunes de 12 à 16 ans affichent aujourd’hui un taux de féminisation supérieur à 30%. Ce qui est crucial c’est d’installer la parité depuis le plus jeune âge et que les jeunes travaillent ainsi tous ensemble.

 

A l’issue de cette première expérience, vous avez décidé d’aller plus loin et d’être à nouveau porteur de projet pour le FSE. Qu’allez-vous développer ?

Afin d’atteindre notre objectif qui est de passer d’une politique de féminisation à une politique d’égalité, nous allons poursuivre nos actions en communication avec une démarche de lobbying pour défendre ce projet. Nous allons également réaliser un questionnaire grand public destiné à casser les stéréotypes liés à la profession. En termes de ressources humaines, nous souhaitons mettre en place un programme complet sur le développement des carrières consolidé par des outils statistiques. Au niveau du quotidien de travail, il y a également à faire évoluer les tenues de travail afin que les pompiers femmes soient confortables dans leurs uniformes.

 

En quoi l’apport du FSE est-il un soutien dans la réalisation de vos objectifs ? 

Le FSE constitue une véritable opportunité. C’est un levier financier qui permet de financer des projets ambitieux. Son soutien est également déterminant car il apporte de la légitimité au projet. L’accompagnement et la disponibilité du service FSE de la Direccte permettent de mener nos actions avec une réelle fluidité. C’est aussi un cadre de travail réglementaire qui engage les parties prenantes. Avoir le soutien du FSE est une source de motivation et de fierté !

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