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Innovation sociale
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L’Avise, promoteur d’innovations sociales
Créée en 2002, l'association à but non lucratif Avise est centrée sur le secteur de l'économie sociale et solidaire. Elle sensibilise, professionnalise et accompagne les porteurs de projets et les dirigeants d'entreprises. Elle anime des communautés d'acteurs autour de l'innovation sociale. En tant qu'organisme intermédiaire du FSE, elle finance des projets après sélection. Gros plan sur le rôle et les caractéristiques de l'Avise avec Cécile Leclair, sa directrice générale.
Quelles sont les principales missions de l'Avise et ses spécificités ?
Cécile Leclair : C'est une agence d'ingénierie dédiée au développement de l'Économie sociale et solidaire (ESS). D'une part, nous produisons des ressources (outils, guides, dossiers thématiques) en ligne sur notre site avise.org. D'autre part, nous animons des communautés d'acteurs de l'accompagnement présents sur les territoires, comme par exemple les 150 dispositifs d'incubation de projets d'innovation sociale. Nous favorisons leur professionnalisation, le partage d'expériences et de savoir-faire. Nous contribuons aussi au développement d'entreprises existantes : l'Avise est l'opérateur national du dispositif local d'accompagnement (DLA) mis en œuvre auprès de plus de 6 000 entreprises de l'ESS chaque année, principalement des associations. Gratuit, il réalise un diagnostic stratégique, puis, si besoin, le financement d'une mission de conseil. Nous professionnalisons le réseau des 220 personnes travaillant sur le DLA. Nous animons également le réseau d'experts de l'évaluation d'impact Social Value France et celui dédié aux acteurs des ruralités et de l'ESS, Créa'rural.
Quel est le rôle de l'Avise en tant qu'organisme intermédiaire du Fonds Social Européen ?
L'État français nous confie une enveloppe budgétaire pour 7 ans issue d'un financement du FSE. Charge à l'Avise de la distribuer via des appels à projets s'inscrivant dans le programme élaboré par la France et validé par la Commission européenne. Notre comité d'engagement sélectionne donc les projets répondant aux enjeux du FSE, c'est-à-dire sociaux, d'insertion professionnelle, de création d'emplois de qualité non délocalisables... L'Avise a été choisie pour son expertise des projets de l'ESS notamment en changement d'échelle, dans des logiques d'essaimage sur de nouveau territoires et pour son savoir-faire en matière d'ingénierie d'accompagnement, de capitalisation et de diffusion des bonnes pratiques.
Comment définiriez-vous l’innovation sociale ?
Ce concept recouvre l’élaboration de solutions qui répondent à un besoin social, sociétal ou environnemental non ou mal couvert sur un territoire donné. À l’Avise, on s’intéresse à l’innovation sociale entrepreneuriale. Celle-ci peut concerner aussi bien un service, un produit ou un mode d’organisation. Par exemple, le réemploi du cuir de poisson pour fabriquer des sacs à main ou côté organisation, la création de nouvelles formes de gouvernance via notamment le support des sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic). L’innovation sociale est fortement mobilisée par l’ESS pour répondre aux besoins actuels, tels ceux liés au recyclage et au réemploi ou à la revitalisation économique des territoires ruraux. Cette dernière affiche de très belles innovations d’ESS en matière de commerces de proximité : cafés associatifs, épiceries coopératives ambulantes, ... Au-delà de l’offre commerciale, ils créent du lien social, contribuent au maintien de personnes âgées à leur domicile etc.
Comment renforcer l’innovation sociale ?
Elle n’est pas une finalité mais un moyen, et pas le seul, pour répondre aux besoins sociaux. L’objectif est surtout de renforcer l’ESS, un mode d’entreprendre qui s’attache à avoir de l’impact social mais aussi à partager le pouvoir et la richesse au sein de l’entreprise. Avec 220 000 établissements employeurs en France, l’ESS représente déjà plus de 10% de l’emploi salarié, ce n’est donc pas anecdotique. Elle est très présente dans l’action sociale ou médico-sociale, l’aide à la personne, la culture, le sport, l’insertion par l’activité économique. Et elle a de vraies opportunités de développement dans tous les secteurs de la transition écologique et solidaire grâce à sa capacité à innover. Pour consolider ces innovations, nous plaidons pour que l’écosystème de soutien à l’innovation technologique s’ouvre à l’innovation sociale et que globalement les dispositifs d’accompagnement et de financement dédiés se renforcent.
Quels sont les objectifs de votre dispositif La Fabrique à initiatives ?
Il a été lancé voici 11 ans grâce au financement du FSE à 50% durant 3 ans. Nous sommes partis d’un constat : il existe sur les territoires, des potentiels de création d’entreprises de l’ESS et d’innovation sociale qui ne se transforment pas. La Fabrique à initiatives réunit les acteurs d’un territoire qui repèrent les besoins sociaux afin d’imaginer des solutions entrepreneuriales. La Fabrique réalise ensuite une étude de faisabilité et d’opportunité. Elle prépare le terrain pour, in fine, recruter un dirigeant. C’est donc l’inversion du processus de création d’entreprise. Aujourd’hui, le dispositif présente un taux de pérennisation des entreprises supérieur à celui des entreprises classiques. L’Avise anime un réseau des 28 Fabriques à Initiatives réparties sur 50 départements français. De nouveau grâce au FSE 2014-2020, nous avons pu relancer en 2020 un appel à projets pour financer le développement de projets portés par les Fabriques existantes dans les territoires ruraux.
L'objectif est de renforcer l'ESS, un mode d'entreprendre qui s'attache à avoir de l'impact social mais aussi à partager le pouvoir et la richesse au sein de l'entreprise.