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  • 13.03.2022

Dispositif Objectif reprise : accompagner les entreprises dans la poursuite ou reprise de leur activité

Comment apporter aux entreprises un appui pour les aider à faire face aux aléas de la crise et à poursuivre leur activité ? "Objectif Reprise", dispositif lancé par le Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion en mai 2020, a permis à des entreprises de moins de 250 salariés de bénéficier gratuitement de conseils et d’accompagnement sur les questions d'organisation du travail, de prévention du risque COVID-19 et de relations sociales en période de crise. Bérangère Fistola, chargée de l’évaluation interne du dispositif à l’Anact (Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail) revient sur cette initiative, qui s’est terminée à la fin de l’année 2021.

Comment est né ce projet ? 

Bérangère Fistola

Bérangère Fistola : "Objectif Reprise" est né lors du premier déconfinement, avec l’ambition d’apporter un soutien aux entreprises de moins de 250 salariés pour la poursuite ou reprise de leur activité. Ce dispositif a été initié par le Ministère du Travail et porté par le réseau Anact-Aract et les DREETS (Directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) en région. Après une phase de préparation au printemps 2020, "Objectif Reprise" a été officiellement lancé le 19 mai 2020. 

Comment les entreprises sont-elles orientées vers le dispositif ?

B.- F. : Une communication a été organisée au niveau national par le Ministère du Travail, mais aussi en région via le réseau Anact-Aract et les partenaires institutionnels et sociaux.
De manière plus concrète, l’entrée dans le dispositif se compose de plusieurs étapes. La première phase est celle d’un autodiagnostic, l’entreprise intéressée est invitée à compléter un questionnaire en ligne permettant de dresser un bilan de la situation de l’entreprise et de bénéficier de premiers conseils et ressources. Les entreprises peuvent ensuite demander à être contactées par l’Aract de la région dont elles dépendent. Un premier rendez-vous de contact est alors assuré par l’Aract afin d’échanger sur les besoins de l’entreprise et de s’assurer de l’éligibilité de sa demande. Un rendez-vous d’orientation de deux heures est ensuite organisé. Il vise à comprendre la manière dont l’entreprise est organisée, son activité, les incidences de la crise sanitaire sur cette dernière, et à repérer plus précisément ses besoins d’appui dans la période, et lui proposer, le cas échéant, un accompagnement adapté.

"Objectif Reprise" a proposé plusieurs solutions d’accompagnement : quelles étaient-elles ?

B.- F. : Il existait en effet trois grandes formules d’accompagnement : un appui "flash" d’une demi-journée lorsque la demande de l’entreprise portait sur un point précis et qu’elle nécessitait un accompagnement rapide ; un appui individuel de trois à six jours permettant d’approfondir les différentes problématiques rencontrées par l’entreprise et d’être accompagnée sur la durée par des consultants retenus dans le cadre d’un marché public en région ; un accompagnement collectif (de 3 à 8 entreprises) favorisant l’échange de pratiques entre pairs et l’apport de connaissances et d’outillage méthodologique de la part des Aract.

Pouvez-vous nous en dire plus sur cet accompagnement collectif ?

B.- F. : Des accompagnements collectifs ont été proposés aux entreprises qui rencontraient des problématiques similaires, telles que la mise en place du télétravail par exemple, pour échanger et partager des bonnes pratiques, mais également pour mieux appréhender les leviers, les éléments de méthode, les points de vigilance permettant de déployer le télétravail, selon des modalités permettant de concilier qualité de vie au travail des salariés et performance de l’entreprise. Ces demi-journées d’échanges et de partage d’expérience étaient ensuite complétées par un appui individuel au sein de l’entreprise.

Comment s’effectue le choix du parcours ?

B.- F. : Lors du rendez-vous d’orientation avec l’entreprise, le chargé de mission de l’Aract veillait à ce que l’entreprise bénéficie d’un appui qui soit le plus approprié et adapté possible et déterminait le degré d’accompagnement en lien avec l’entreprise, ses besoins et sa disponibilité. Ce rendez-vous était aussi l’occasion pour les entreprises d’accéder à des ressources méthodologiques et pratiques de l’Anact-Aract ou de partenaires en région. 

"Objectif Reprise" a pris fin le 30 décembre 2021, quels sont les premiers résultats ? 

B.- F. : 12 186 entreprises ont complété le questionnaire en ligne (phase d’autodiagnostic) qui permet de faire le point sur l’organisation du travail et de voir comment elles se positionnent sur le dialogue social. Il permet de dégager de premières pistes d’amélioration et de disposer de ressources méthodologiques. Si la plupart des entreprises se sont arrêtées à cette étape, parfois par manque de temps pour bénéficier d’un accompagnement plus long, ce questionnaire a été pensé comme une porte d’entrée dans le dispositif. 2289 entreprises ont ensuite été accompagnées, a minima par un rendez-vous "premier contact". 347 entreprises ont bénéficié d’un accompagnement individuel, 154 d’un accompagnement collectif et une vingtaine seulement a suivi un accompagnement "flash". Cette modalité courte d’accompagnement a, au final, été peu privilégiée au regard des besoins importants des entreprises pendant la crise sanitaire. Certaines des entreprises ayant bénéficié d’un appui "flash" ont toutefois pu basculer en appui individuel pour prolonger l’accompagnement sur six jours. 

Quel est le profil des entreprises qui ont bénéficié du dispositif ? 

B.- F. : Sur les 2289 entreprises accompagnées, 1276 sont des TPE, 832 des PME. Les secteurs d’activité principaux accompagnés sont les suivants : autres activités de service, hébergement et restauration, activités spécialisées techniques et scientifiques, santé humaine et action sociale ; des secteurs particulièrement impactés par la crise sanitaire de la COVID-19.

Quel a été l’appui du Fonds Social Européen dans ce dispositif ? 

B.- F. : Le Fonds Social Européen a financé "Objectif Reprise" à hauteur de 100% sur le territoire métropolitain et à 85% sur les territoires ultramarins avec les 15% restant financés directement par les fonds du Ministère du Travail. Le dispositif a concerné 16 régions au total.
Il a permis de mettre en œuvre un dispositif de réponses rapides aux entreprises confrontées à des nécessités d’adaptations organisationnelles (adaptation des pratiques et politiques de prévention, organisation du télétravail, réorganisation d’espaces de travail, appui au dialogue social pour traiter de l’ensemble de ces sujets…). Il a particulièrement bien fonctionné dans les territoires ultramarins avec un taux d’accompagnement individuel plus élevé à la Réunion par exemple. 

PéPé José, une entreprise de conception et de livraison à domicile (uniquement à la Réunion) de paniers prêts à cuisiner, a bénéficié d’un tel accompagnement. Sa directrice a beaucoup apprécié le format de six jours qui a permis de "ne pas surcharger les collaborateurs", tout en donnant "un cap précis". L’accompagnement a porté sur la réalisation d’un bilan complet sur l’entreprise : activité, profils recrutés, management, ressources humaines.

 

Nous voulions voir si ce que nous percevions correspondait à une interprétation de notre part ou était partagé, par exemple sur les besoins de nos collaborateurs. Nous avions besoin de faire un bilan sur notre activité et sur ces dimensions management, ressources humaines  

Anne-Laure Ringanadépoullé directrice de PéPé José,

Source : entretien entreprise bénéficiaire - 2022

Quel bilan tirez-vous de ce dispositif ? Quelles sont les perspectives pour les entreprises accompagnées ? 

B.- F. : L’ambition d’"Objectif Reprise" était de répondre sur une vision de court terme aux impératifs de la crise sanitaire et impacts qu’elle pouvait avoir sur les conditions de travail des entreprises et de leur permettre ainsi de maintenir ou reprendre leur activité. Il s’agissait ensuite de les doter de ressources nouvelles pour faire face à de futurs aléas, notamment en insistant sur l’amélioration des conditions de travail, l’importance des relations sociales et du dialogue social. Enfin, "Objectif Reprise" a contribué à identifier des besoins complémentaires et a permis d’assurer l’orientation vers d’autres dispositifs au cas par cas.

En effet, si pour certaines entreprises, l’accompagnement a été suffisant et les a rendues autonomes pour poursuivre les démarches engagées à leur échelle, certaines d’entre elles ont eu besoin d’être orientées vers d’autres dispositifs : prestation de conseil en ressources humaines (PCRH) dans le cadre du Plan de Relance ou d’autres dispositifs du réseau Anact-Aract par exemple. L’accompagnement peut en effet révéler d’autres problématiques nécessitant d’être traitées sur un temps plus long.

Quelles ont été les points forts du dispositif ?

B.- F. : Sa principale force a été sa capacité à couvrir de manière globale les problématiques des entreprises en matière de conditions de travail. Il a contribué à démontrer l’effet levier de l’amélioration des conditions de travail et des relations sociales sur la qualité du travail et, donc sur la performance économique des entreprises. 
Cet accompagnement gratuit a permis aux entreprises de bénéficier d’une véritable expertise, d’un regard extérieur qui leur était mis à disposition dans ces temps si difficiles. Enfin, le dispositif a favorisé le dialogue au sein des entreprises puisque les modalités d’accompagnement, conformément à la charte déontologique du réseau Anact-Aract, reposaient sur une participation conjointe des représentants de la direction, des salariés, des titulaires du comité social et économique… 

La consultante a été attentive, avec une approche qui ressemble à la nôtre, beaucoup d’humain, tout en restant pragmatique, réaliste sur certaines choses. Cela nous a ouvert les yeux, permis de poser des questions et de prendre du recul tout en répondant vraiment à nos préoccupations.

Anne-Laure Ringanadépoullé directrice de PéPé José,

Source : entretien entreprise bénéficiaire - 2022

Si vous deviez résumer "Objectif Reprise" en un mot… ?

B.- F. : Adaptabilité ! Bien que ce dispositif ait été dès le départ très construit, il a su s’adapter aux évolutions de la crise sanitaire et aux besoins des entreprises. Si les demandes des entreprises ont initialement porté sur des questions d’organisation du travail (mise en place des gestes barrières, respect des règles sanitaires et leur intégration dans les plans de prévention des entreprises…), elle se sont ensuite concentrées sur le management, les relations sociales, comment redonner du sens au travail après cette période ?  En 2021, "Objectif Reprise" a été décliné en "Objectif Télétravail", sous l’impulsion du Secrétariat d’État en charge de la santé au travail. S’il s’agissait du même dispositif mais avec un zoom sur le télétravail, cela a traduit la volonté de mettre l’accent sur ce sujet, qui a été a au cœur des préoccupations des entreprises. "Objectif Reprise" a ainsi su accompagner les entreprises au plus près de leurs besoins, au fil de l’évolution de la crise et des règles gouvernementales édictées.