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« Tout le monde est employable ! »

Le chantier d’économie sociale et solidaire Frip’Vie a été créée en 1997 par le Secours Catholique, Emmaüs et Ensemblier DéFI. Co-financé par le FSE, il donne un nouvel élan professionnel à des personnes en difficultés grâce à la collecte, le tri et la vente de textile usagé. 

Lorsque Sabah Mahiddine prend la direction de Frip’Vie en 2013, sa mission est claire : redonner du sens au projet social et structurer les activités du chantier, après le départ d’un membre fondateur, Emmaus. « A mon arrivée, tout était à construire » explique aujourd’hui la directrice de Frip’Vie. Si Sabah Mahiddine est loin d’être familière du monde de l’économie sociale et solidaire, elle s’y connait en revanche en formation des adultes, après avoir été formatrice puis occupé un poste de direction dans un centre de formation en Pays de Montbéliard de 1997 à 2002 avant de prendre la direction de Frip’Vie.

Frip’vie combine trois logiques. La première est économique, en permettant aux familles les plus modestes d’acheter à bas prix des vêtements et des accessoires.

La deuxième est sociale, en favorisant l’emploi des personnes éloignées du marché du travail. Les activités proposées portent sur la logistique (collecte des vêtements et accessoires, livraisons dans les boutiques), la préparation de commande (pré-tri, tri, étiquetage en atelier) et la vente en boutique (trois sont situées dans l’aire urbaine du Pays de Montbéliard et une dans la ville de Maîche, près de la frontière suisse). Les contrats sont des CDDI de 18 mois maximum, renouvelables deux fois, mais certains contrats peuvent être prolongés jusque 24 mois pour répondre à des problématiques spécifiques.

L’accompagnement des bénéficiaires, lui, porte sur plusieurs axes : levée des freins à l’emploi (logement, garde d’enfant, santé, mobilité, surendettement, addictions…), formation professionnelle (dispositifs de droit commun du Conseil régional, plan de formation interne, modules spécifiques en lien avec le projet professionnel...) et emploi (validation du projet professionnel, période de mise en situation en milieu professionnel…).

La troisième logique, enfin, est environnementale, en contribuant à la protection de l’environnement et à la préservation des ressources par la collecte et la valorisation des déchets textiles.

Des bénéficiaires à la fois salariés et usagers 

 

A Frip’Vie, 80% des bénéficiaires sont des femmes : « Les prescripteurs ont l’habitude de positionner les femmes sur ce type d’activité, notamment sur le tri et la vente, moins sur la logistique », explique Sabah Mahiddine, qui obtenu en 2016 un master II Dirigeant en économie sociale et solidaire. Mais le périmètre des bénéficiaires s’est étendu progressivement. Dans un contexte de chômage de plus en plus structurel, le projet social, initialement centré sur les femmes et les jeunes de moins de 26 ans, évolue vers une ouverture aux hommes adultes (demandeurs d’emploi longue durée, bénéficiaires du RSA, personnes très peu qualifiées…).

La structure fonctionne sur la base d’un principe de non-sélection des candidats, seul l’agrément de Pôle Emploi suffit. Les bénéficiaires sont encadrés au prisme de l’inclusion active : « Nous les considérons comme des salariés avant tout, puis comme des usagers parce qu’ils consomment aussi les produits de Frip’Vie. Ils participent à la vie associative en participant aux réunions d’information », rappelle Sabah Mahiddine. 

Nous les considérons comme des salariés avant tout, puis comme des usagers parce qu’ils consomment aussi les produits de Frip’Vie. Ils participent à la vie associative en participant aux réunions d’information.

Sabah Mahiddine,

Directrice de Frip'Vie

Une approche professionnalisante de l’insertion

Parmi les actions initiées par Sabah Mahiddine, certaines concernent l’ingénierie des compétences pour favoriser l’employabilité des bénéficiaires : « Nous avons voulu outiller nos encadrants, en lien avec les conseillers en insertion, pour qu’ils donnent du sens au parcours des personnes, en articulant davantage les volets socioprofessionnel et technique ».

Les postes ont ainsi été aménagés avec des outils d’évaluation et d’auto-évaluation pour mesurer la progression technique des bénéficiaires tout au long du parcours d’insertion. Ce suivi se rapproche de ce qui existe dans les entreprises classiques. Il permet de fixer des objectifs à atteindre et de mesurer la capacité des personnes à tenir leurs postes.

« L’objectif est de positionner l’accompagnement dans une dynamique de long terme, en travaillant sur les compétences techniques et transversales, en favorisant la certification via des CQP et en privilégiant les sorties en emploi durable ou en formation qualifiante » souligne Sabah Mahiddine.

En 2018, la structure affiche un taux de sorties positives de plus de 45%, principalement en CDI, CDD de plus de 6 mois et en formation. A l’issue du parcours, les bénéficiaires ne sont pas « lâchés dans la nature », puisqu’un suivi à 6 mois est réalisé.

« Notre message fondamental, c’est de dire que tout le monde est employable. Quelles que soient les difficultés et les parcours chaotiques, les personnes sont en capacité d’occuper un emploi, même si ça prend du temps » conclut Sabbah Mahiddine

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